Thème 2 - Dynamique des interactions asymétriques

Les situations sociales complexes dans lesquelles évoluent les professionnels dont nous étudions l’activité sont marquées par des asymétries. En première approximation, ces asymétries laissent supposer que les personnes, les groupes, les systèmes en position favorable imposent aux autres ce qui est possible et/ou acceptable, la manière dont les situations se déroulent et assument la responsabilité de ce qui en résulte. Mais l’étude des situations effectives montre qu’il en est tout autrement.

L’objectif du thème 2 est de questionner si et comment ces asymétries sont ou non constitutives de la dynamique des situations sociales et d’étudier les modalités selon lesquelles ce qui est imposé par une institution, un collectif ou un acteur en position favorable, s’impose ou non effectivement.
Les niveaux d’étude peuvent être divers : certaines asymétries peuvent être étudiées à l’échelle de l’écosystème, d’autres sont prises en charge à des niveaux plus fins, voire très fins, par exemple dans le cas de l’étude de gestes de métier dans le cadre d’une situation interpersonnelle. Des études peuvent aussi s’intéresser aux interdépendances qui se développent entre ces différents niveaux.

Les travaux se positionnent cependant dans une perspective s’attachant aux actions/situations effectives dans leurs contextes ordinaires et prennent en compte le point de vue des acteurs comme une composante déterminante de l’analyse de l’activité.
Ainsi, sans présager que la dynamique des situations sociales et des interactions s’y réduisent, le thème 2 envisage l’étude des asymétries et de leurs caractères ou non performatifs comme une possibilité de compréhension ou une dimension explicative.
 

Du point de vue de l’étude des gestes professionnels

Ce niveau d’investigation s’intéresse à la dynamique, aux ressources et aux contraintes des interactions asymétriques.

Plusieurs orientations complémentaires seront empruntées :

  • interroger les conditions qui favorisent ou au contraire contrarient le fait que ce qui est imposé par une personne en situation favorable, s’impose effectivement : culture partagée, cadre normatif de l’activité collective, sensibilité(s) et/ou compétence(s) des différents acteurs
  • étudier les processus sous-jacents à la dynamique de construction de positions relatives effectives et acceptées à un moment donné (processus de régulation, de mise en visibilité…) d’une part, et d’une intersubjectivité d’autre part.


Du point de vue de l’étude des situations professionnelles

Comprendre la dynamique de l’interaction suppose d’interroger également la manière dont diverses prescriptions extérieures et antérieures, ainsi que certains cadres sociaux, culturels, professionnels, participent de la situation. Ces cadres prescriptifs et normatifs ne sont pas traités comme des directives qui s’appliquent, mais comme des éléments, parmi d’autres, dont on questionne le statut effectif. Des recherches envisageront comment un cadre prescriptif peut constituer à la fois une contrainte et une ressource pour l’interaction, quelle activité est nécessaire pour qu’il puisse progressivement/en partie advenir, comment les prescriptions rencontrent les pratiques effectives des acteurs…

Au-delà de la visée épistémique, il s’agit aussi d’accompagner les acteurs dans le développement et la transformation de leurs pratiques professionnelles qu’ils soient enseignants, arbitres, sportifs, artistes ou personnel de santé. C’est pourquoi, les méthodologies de recherche reposent sur une étroite collaboration avec les acteurs et sur l’observation de pratiques effectives en situation. Bien qu’empruntant à des outillages et des dispositifs très différents, elles relèvent d’approches qualitatives reposant sur de minutieuses études de cas, portant une attention plus ou moins marquée, mais toujours présente, à la parole des acteurs et à ce qui fait sens pour eux en situation.



Liste des opérations de recherche du thème 2