HDR Nathalie Gal-Petitfaux

La leçon d’Education physique et sportive : formes de travail scolaire, expérience et configurations d’activité collective dans la classe. Contribution à un programme de recherche en anthropologie cognitive



SOUTENANCE

Le 1er décembre 2011 à l’Université Blaise Pascal, devant un Jury composé de :
 
  • Chantal AMADE-ESCOT, Professeure des Universités, Sciences de l'éducation, Université Toulouse II
  • Marie-Joseph BIACHE, Professeur des Universités, STAPS, Université de Clermont-Ferrand 2
  • Marc DURAND, Professeur es Universités, Sciences de l’éducation, Université de Genève, Suisse
  • David KIRK, Professeur, Education physique et Sport, University of Bedfordshire, UK
  • Jacques SAURY, Professeur des Universités, STAPS, Université de Nantes
  • Nathalie WALLIAN, Professeure des Universités, STAPS, Université de Franche Comté



RÉSUMÉ

La leçon est centrale dans le travail des enseignants et des formateurs en EPS. Pour organiser le travail des élèves dans la classe, les enseignants recourent à des modèles de planification dont certains aident à construire la séquentialité de la leçon en une succession de formes de travail scolaire : e.g., l’entrée en classe, l’accueil des élèves, l’appel, la présentation collective des consignes, la supervision du travail, l’installation du matériel, l’échauffement, les transitions, le bilan de leçon, etc. Chacune de ces formes de travail renvoie à des tâches spécifiques pour l’enseignant et les élèves, et à un dispositif d’organisation spatiale et matérielle de la classe. Bien qu’ils aident à organiser la leçon dans sa temporalité, ces modèles n’expliquent pas les pratiques réelles que les acteurs accomplissent en classe pour mettre en oeuvre une leçon et s’approprier ces formes de travail.
L’objectif de cette note de synthèse est double : (a) analyser l’expérience de l’enseignant et des élèves en classe et leurs interactions avec l’environnement physique lors d’une leçon, pour comprendre comment ils parviennent à travailler ensemble et à co-construire une activité collective propice à faire apprendre ; (b) à partir des résultats de cette analyse, concevoir des ressources permettant de former les enseignants à la pratique de la leçon. L’enjeu est de proposer un modèle de la pratique des leçons complémentaire aux modèles de planification.

La note de synthèse est organisée en deux parties : une présentation du cadre socio-institutionnel et scientifique dans lequel ont été conduites les recherches depuis une dizaine d’années ; la synthèse des résultats débouchant sur l’ouverture d’un programme de recherche.

Le cadre théorique et méthodologique est la théorie du Cours d’action (Theureau, 2006) en anthropologie cognitive. Il s’inscrit en référence aux paradigmes de l’action située et cognition distribuée (Hutchins, 1995 ; Suchman, 1987) et de l’enaction (Varela, Thompson et Rosch, 1993). L’objet d’étude porte sur les configurations d’activité collective c’est-à-dire les formes d’interaction entre les individus et leur environnement physique qui émergent au fil de la leçon. Deux niveaux d’analyse sont retenus : l’activité individuelle-sociale de l’enseignant, celle des élèves et les processus permettant leur articulation dans la classe.

La méthodologie recourt à l’observation ethnographique de l’activité de l’enseignant et des élèves en classe et à l’entretien d’autoconfrontation. Les participants sont des enseignants d’EPS chevronnés et débutants, et les élèves sont issus de classes de collège et de lycée. Les matériaux portent (a) sur les traces audiovisuelles des activités durant la leçon ; (b) la description du cours d’action des acteurs et de la dynamique de leurs interactions au plan du comportement gestuel, verbal, spatial et de l’expérience vécue. Le traitement des matériaux identifie les configurations d’activité collective qui organisent le déroulement de la leçon c’est-à-dire (a) les formes d’interaction enseignant-élèves-environnement et (b) le potentiel éducatif des configurations et (c) leur viabilité pour les acteurs.

La synthèse des résultats met en évidence des configurations d’activité collective diverses, à la fois typiques et singulières qui dépendent du niveau d’expérience des enseignants, de l’APS, du type de classe. Elle débouche sur un programme de recherche portant sur : (a) un modèle des pratiques de leçon centré sur les configurations d’activité collective et l’expérience des acteurs dans la classe ; (b) l’étude de l’expérience en classe comme une expérience située et incarnée ; (c) la conception de dispositifs d’explicitation de l’expérience et de vidéo-formation.