Thèse de Marie-Renée Guével

Etude des facteurs intervenant dans la mise en oeuvre d’une approche de promotion de la santé à l’école primaire

Sous la direction de Jeanine Pommier et Didier Jourdan 


Soutenance

Le 2 juillet 2012 à Clermont-Ferrand, devant le jury composé de : 

  • Xavier BRIFFAULT, Chargé de recherche HDR, Sociologie, Centre national de la recherche scientifique (Rapporteur)
  • Didier JOURDAN, Professeur des Universités, Sciences de l’Éducation, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2 (Directeur de thèse)
  • Pierre LOMBRAIL, Professeur des Universités, Santé Publique, Université Paris 13 (Rapporteur)
  • Jeanine POMMIER, Médecin HDR, Santé Publique, École des hautes études en santé publique (Co-directrice de thèse)
  • Louise POTVIN, Professeure, Santé Communautaire, Université de Montréal, Canada
  • Marie-Christine TOCZEK, Maître de Conférences HDR, Psychologie, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand 2 (Présidente du jury)


Résumé

L’école est appelée à contribuer depuis longtemps à la prise en charge des diverses problématiques qui traversent notre société. C’est en particulier le cas en ce qui concerne les questions liées à la santé des jeunes. En France, comme dans la plupart des pays occidentaux, la manière dont l’école s’est intéressée à cette question de la santé des élèves a évolué, en particulier au cours du dernier siècle, passant de simple vecteur d’informations sanitaires pour tendre, aujourd’hui, à être un acteur à part entière de la promotion de la santé des élèves qu’elle accueille. Les textes officiels de l’Education nationale tendent à s’inscrire dans cette évolution. Cependant, les recherches portant sur les pratiques des acteurs du système scolaire français montrent que ceux-ci abordent de manière très variée les actions relatives à la santé des élèves et que peu d’entre eux s’inscrive dans cette approche de la promotion de la santé. Or, la littérature internationale montre que cette approche, prenant en compte à la fois les activités pédagogiques et l’environnement de l’école est une approche efficace pour améliorer la santé et la réussite des élèves.
Ces constats appellent ainsi à nous interroger, plus particulièrement, sur les facteurs susceptibles de contribuer à un processus de changement incitant les écoles à travailler dans cette approche de promotion de la santé.
Notre analyse s’appuie sur le cadre de l’évaluation réaliste qui a la particularité de mettre l’accent sur l’articulation entre les facteurs contextuels et les mécanismes activés par le dispositif visant à mettre en oeuvre un processus de changement afin d’expliquer les effets observés. Il nous permet ainsi de considérer les dispositifs visant à développer la promotion de la santé à l’école dans leur ensemble en relation avec le contexte dans lequel ils sont introduits. Cette démarche rend également possible une prise en compte de la complexité inhérente à ces dispositifs dans une perspective dynamique.
Notre terrain de recherche s’insère dans un projet plus large visant le développement de la promotion de la santé dans les écoles primaires françaises par la mise en oeuvre de dispositifs de formation et d’accompagnement. Ce projet a la particularité de proposer une mise en oeuvre à deux niveaux : l’un régional et l’autre local, nous permettant d’étudier les facteurs en jeu à ces deux échelons.
Un premier volet de notre travail est ainsi centré sur le niveau régional, c’est-à-dire au niveau des acteurs susceptibles d’accompagner les écoles dans ce processus de changement. Nos analyses s’appuient sur un recueil de données qualitatives au travers de la collecte d’écrits professionnels et de la réalisation d’entretiens collectifs. Nos travaux témoignent de l’interaction des facteurs opérant à différents échelons et favorisant la mise en oeuvre d’une approche de promotion de la santé dans les écoles primaires françaises. En particulier, ils pointent l’importance de la formation et de l’accompagnement des acteurs. Ils mettent également en avant le soutien déterminant de l’Inspecteur d’académie, du service en faveur de la promotion de la santé des élèves et des municipalités où les écoles participant au projet sont localisées. Dans ce contexte, les mécanismes qui apparaissent comme important sont liés au développement des connaissances et des compétences en promotion de la santé, à l’amélioration du sentiment d’auto-efficacité et au développement de la réflexion avec les pairs, au partage d’expériences et au développement du travail en partenariat.
Le second volet de notre travail concerne l’échelon local, c’est-à-dire celui des écoles. Notre étude a porté sur les facteurs susceptibles d’influencer l’amélioration de la perception qu’ont les enfants de leur environnement social à l’école suite à la participation des équipes d’école à un dispositif de promotion de la santé. L’évolution de cette perception est ici considérée comme un indicateur témoignant du résultat du processus de changement à l’oeuvre à l’échelle de l’école. Notre démarche de recherche est de type exploratoire utilisant l’analyse de chemin utilisant la méthode PLS (Partial Least Square path analysis), pour faire émerger les relations entre les facteurs contextuels et les mécanismes susceptibles d’influencer l’évolution de cette perception. Différentes sources de données ont été utilisées : des questionnaires complétés par les élèves et les équipes d’école ; un formulaire décrivant le contexte socioéconomique des écoles ; et les résultats de l’étude au niveau régional. Nos analyses mettent en avant l’importance des mécanismes en lien avec le développement du travail en partenariat avec les acteurs extérieurs à l’Education nationale. Du point de vue des caractéristiques des écoles, une équipe d’école motivée par l’approche et travaillant dans une dynamique collective sont des éléments qui facilitent la mise en oeuvre d’une approche de promotion de la santé et l’amélioration de la perception qu’ont les enfants de leur environnement social. Enfin, le volume horaire de formation dont bénéficie l’équipe d’école et le fait que cette formation véhicule les critères des écoles promotrices de santé favorisent l’amélioration de la perception des enfants.
A l’issue de ces travaux, de nouvelles perspectives de recherche émergent afin de poursuivre sur le chemin de la compréhension des phénomènes qui sous-tendent la mise en oeuvre d’une approche de promotion de la santé par les acteurs du système scolaire français. La première perspective de recherche fait référence à l’intérêt d’approfondir la question de la place et de l’influence du leadership de certains acteurs clés du système scolaire. La deuxième perspective renvoie à l’approfondissement de l’étude des mécanismes activés au niveau individuel et interindividuel des membres des équipes d’école et en particulier des enseignants.
Ces travaux constituent une première approche exploratoire des facteurs contextuels et des mécanismes susceptibles d’intervenir dans la mise en oeuvre d’une approche de promotion de la santé à l’école primaire en France. Ils ont la particularité d’étudier les phénomènes à l’oeuvre à la fois à l’échelon des équipes d’école et, de manière plus originale, à l’échelon des acteurs susceptibles d’accompagner les écoles dans ce processus de changement. Ils tentent également de prendre en compte la complexité inhérente à ces phénomènes et ne visent pas à proposer une liste de facteurs mais bien à s’attacher à comprendre les interactions qui s’opèrent entre le dispositif introduit et le contexte dans lequel il est mis en oeuvre.