Etude des déterminants des inégalités de destins scolaires : Représentations de l’intelligence, de la réussite et contextes évaluatifs

Sous la direction de Marie-Christine Toczek

Soutenance

Le 4 décembre 2012 à Clermont-Ferrand, devant le jury composé de : 

  • Marcel CRAHAY, Professeur, Sciences de l’Education, Universités de Genève et de Liège (rapporteur)
  • Delphine MARTINOT, Professeure des Universités, Psychologie, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
  • Christine MIAS, Professeure des Universités, Sciences de l’Education, Université de Toulouse-Le Mirail
  • Pascal PANSU, Professeur des Universités, Sciences de l’Education et Psychologie, Université Pierre Mendes-France, Grenoble (rapporteur)
  • Marie-Christine TOCZEK, Professeure des Universités, Sciences de l’Education, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand (directrice)

Résumé

L’école de la République ayant pour ambition de traiter tous les enfants à égalité afin de laisser ainsi à chacun une chance de réussir en son sein n’arrive pas à tenir ses promesses : en France, les appartenances groupales continuent à déterminer largement les destins scolaires suivis par les élèves. Ce constat peut s’étendre à la majorité des pays de l’OCDE. Ce travail cible alors deux populations pour lesquelles ce déterminisme est particulièrement fort : les filles, qui sont sous-représentées dans les filières scientifiques, et les individus issus de milieux à faible statut socioéconomique. L’hypothèse posée ici est que les performances de ces individus pourraient être influencées par les représentations socialement construites par eux à propos de l’intelligence et de la réussite. Ces représentations sont en effet connues pour avoir des conséquences plus ou moins adaptatives sur les comportements et les performances scolaires (Ames, 1992 ; Nicholls, 1989 ; Dweck, 1999). Dans notre travail, nous avons d’abord observé ces représentations. Les résultats montrent que les représentations sociales au sujet des performances scolaires et de l’intelligence des individus issus de groupe à faible statut socioéconomique sont différentes de celles caractérisant les individus à plus haut statut socioéconomique (Etudes 1 et 3). Les individus stigmatisés ont eux-mêmes construit des représentations de l’intelligence et de la réussite en partie différentes de celles construites par les individus issus de groupes non stigmatisés (Etude 2).
Puis, ce travail se tourne vers l’étude des effets des situations évaluatives sur l’activation de ces représentations chez les personnes stigmatisées : l’idée est de montrer que certaines situations évaluatives peuvent être menaçantes pour ces individus car elles activent les représentations inadaptées de l’intelligence et de la réussite chez eux (Ryan & Ryan, 1995 ; Smith, 2006). L’effet de situations évaluatives inspirées des études menées sur le climat de maîtrise (Ames, 1992 ; Maehr & Midgley, 1991) est alors observé sur les écarts de performances entre groupes stigmatisés et non stigmatisés : on étudie l’effet d’une évaluation critériée, d’une évaluation dont la finalité est présentée comme tournée vers l’apprentissage et enfin d’une évaluation basée sur une comparaison intrapersonnelle des performances. Les résultats montrent que mettre en place certains éléments appartenant au climat de maîtrise peut, au niveau contextuel, être bénéfique aux performances de tous les élèves (Etudes 4, 5 et 7) et même, pour une étude, réduire les écarts de performances intergroupes (Etude 5). L’effet bénéfique de ces éléments semble se renforcer lorsque leur occurrence est répétée dans le temps (Etude 6,7). Les mesures de buts de réussite et de théories de l’intelligence ne permettent, en revanche, pas de tirer de conclusion claire quant à leur implication, même si certaines études montrent des effets sensibles sur ces variables. Un dernier constat est que le climat de classe quotidiennement rencontré, et notamment le recours ou non aux notes, semble rester prégnant et constitue donc une autre variable à prendre en compte, au-delà de l’effet purement situationnel des inductions contextuelles.