Déconstruire en classe le récit genré de l’histoire scolaire pour faire apprendre une histoire vraiment mixte aux élèves du lycée

Dans cette opération de recherche nous tentons de mettre en œuvre et d’évaluer l’efficacité d’une stratégie éducative alternative : passer d’un enseignement d’une histoire « à part égales » à un enseignement d’une histoire du genre. Nous faisons l’hypothèse que le passage à une histoire « déconstruite » devrait permettre aux élèves de prendre du recul sur leurs propres représentations afin de mieux retenir la réalité du rôle des femmes dans l’histoire.

Participants

Membres du laboratoire

Présentation


Les travaux en Histoire des femmes ont montré depuis maintenant plus de 40 ans la réalité de la place des femmes dans l’Histoire. Les programmes scolaires ont longtemps tardé à entendre les appels des historiennes et historiens pour un enseignement d’une histoire mixte. Ces appels correspondaient à un double objectif : enseigner une histoire en phase avec la recherche universitaire ; enseigner une histoire qui permette aux filles également de se projeter sur un rôle actif comme citoyennes. Aujourd’hui, si les programmes du collège de 2016 incitent les professeur.es à « enseigner une histoire mixte », la part des femmes est encore mince dans les thèmes à enseigner (et c’est encore plus vrai dans les programmes du lycée parus en 2019). De plus, ces programmes n’ont à aucun moment intégré les avancées de l’histoire du genre, telle qu’a pu la définir J. Scott en 1986. En termes conceptuels, les programmes en sont donc restés au niveau de l’histoire universitaire des années 1980 : si les femmes peuvent être valorisées comme actrices de l’Histoire, la nature des relations entre les genres comme facteur explicatif est absente. Les élèves ne sont donc pas en mesure de comprendre l’idée même d’invisibilisation du rôle des femmes, ni de remettre en cause les représentations de genre qu’ils auraient pu eux-mêmes intégrer. Nous faisons donc l’hypothèse que le maintien de représentations héritées est lié à ce vide conceptuel.
Nous partons pour cela des résultats d’une expérience réalisée par un étudiant du master MEEF second degré dans le cadre de son mémoire, résultats qui questionnaient la capacité d’un enseignement d’une histoire mixte à contrer les représentations des élèves. La recherche est conduite en collaboration avec 5 étudiant.es du parcours histoire-géographie du master MEEF de l’INSPE Clermont-Auvergne. Il s’agit de comparer les résultats d’un enseignement d’une histoire mixte entre des classes qui auront reçu un enseignement visant à inclure un nombre important de personnages féminins, mais dans un scénario de type « ordinaire » (classes « témoins ») et des classes qui auront reçu le même enseignement mais enrichi de situations visant à leur permettre de s’approprier le concept « d’invisibilisation » des femmes (classes « expérimentales »), dans le but de les amener à déconstruire les représentations qui font obstacle à l’apprentissage d’une histoire qui donne aux femmes leur réelle place.