Problématique de la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire dans les pays d’Afriche subsaharienne : le cas du Cameroun

Sous la direction de Dominique Berger


Soutenance

Le 7 juin 2012 à Clermont-Ferrand, devant le jury composé de : 

  • Dominique BERGER, Maître de conférences HDR, Sciences de l’Éducation, Université Claude Bernard Lyon 1 (Directeur de thèse)
  • Laurent GERBAUD, Professeur des Universités, Santé Publique, Université d’Auvergne (Président)
  • Didier JOURDAN, Professeur des Universités, Sciences de l’Éducation, Université Blaise Pascal Clermont 2
  • Alain MOUGNIOTTE, Professeur des Universités, Université Claude Bernard Lyon 1 (Rapporteur)
  • Frank PIZON, Maître de Conférences, Sciences de l’Éducation, Université Blaise Pascal Clermont 2
  • Graça SIMOES DE CARVALHO, Professeur des Universités, Sciences de l’Éducation, Université do Minho, Braga, Portugal (Rapporteur)


Résumé

L’éducation à la sexualité est une réponse opposable au comportement sexuel à risque des jeunes. Plusieurs instances internationales (Unesco, OMS, Onusida, Unicef) encouragent son intégration à l’école, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne où la prévalence des ITS et VIH/sida demeure élevée. Toutefois, l’absence d’un corpus littéraire de référence en éducation à la sexualité rend difficile cette intégration. L’implémentation de cette éducation à l’école dans les pays d’Afrique subsaharienne nécessite une prise en compte des spécificités socioéconomiques, culturelles, institutionnelles et des conceptions individuelles des jeunes sur la sexualité, qui sont des déterminants de leurs comportements sexuels. La mobilisation des enseignants sur cette tâche n’est pas acquise, notamment en raison de multiples résistances dont ils font preuve, et dont il convient d’isoler les origines.
Cette thèse est consacrée d’une part à l’étude des conceptions des élèves sur l’éducation à la sexualité et leurs besoins éducatifs exprimés et d’autre part, à l’étude des conceptions et des pratiques professionnelles des enseignants en éducation à la sexualité au Cameroun. Dans la perspective d’élaborer des modèles théoriques d’intervention, et des dispositifs de formation des enseignants en éducation à la sexualité qui soient adéquats au contexte africain, notre recherche explore les facteurs susceptibles d’influer tant sur la mise en œuvre que la réussite de cette action à l’école dans les pays d’Afrique subsaharienne en s’appuyant sur l’exemple du Cameroun. Elle repose sur une enquête par questionnaire menée auprès des élèves des classes de quatrième et de troisième d’enseignement général (n=3071), et des enseignants du premier cycle de l’enseignement général (n=368) du Cameroun.
Cette recherche montre que les conceptions individuelles des élèves sont plutôt favorables à l’éducation à la sexualité à l’école et qu’ils considèrent l’école et les enseignants comme des acteurs légitimes de cette éducation. Discutant peu de sexualité avec leurs parents, leurs principales sources d’information est la télévision, l’école et Internet. Les élèves émettent des besoins éducatifs s’articulant autour des cinq dimensions de la sexualité.
Contrairement aux élèves, les enseignants ont des conceptions plutôt défavorables à l’éducation à la sexualité à l’école, renforcées par le peu de pratique qu’ils ont en éducation à la sexualité et le manque de formation. Près de la moitié des enseignants se dédouanent de cette mission et remettent en cause son inclusion à l’école. Ils affichent une méconnaissance tant des besoins et des attentes réelles des élèves en éducation à la sexualité que des effets de cette action éducative sur la santé des jeunes. Ils entretiennent également un fort sentiment d’incompétence pour cette action éducative. Pourtant, ces enseignants sont majoritairement en accord avec le fait que l’éducation à la sexualité des jeunes est vraiment nécessaire.