Publié le 27 août 2025 Mis à jour le 23 septembre 2025
Complément date
14h00
Lieu(x)
Amphi B, UFR STAPS, Campus Universitaire des Cézeaux TSA 30104 - CS 60026 3, Rue de la Chebarde 63178 AUBIERE

Mirtha Mestanza Tuesta soutiendra sa thèse le 9 septembre 2025 à 14h à l'UFR STAPS à Aubière.

Mirtha Mestanza Tuesta soutiendra sa thèse intitulée "Du facteur humain à l’acteur en conception : Interroger la digitalisation au sein de l’industrie 4.0 par l’analyse des usages et la conduite de projet".

Devant le jury composé de : 
  • Willy BUCHMANN, Maitresse de conférences, Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) , CNAM
  • Fabien COUTAREL, Professeur des Universités, ACTé, Université Clermont Auvergne (Directeur)
  • Camille ECHEVERRIA, Ergonome, Groupe Michelin (Membre invitée)
  • Viviane FOLCHER, Professeure des Universités, DSHS - UR FoAP, Institut Agrosup Dijon (Rapporteure)
  • Marie IZAUTE, Professeure des Universités, LAPSCO, Université Clermont Auvergne
  • Johann PETIT, Maitre de conférences HDR, UFMI - Collège Sciences et Technologies, Institut Polytechnique de Bordeaux (Rapporteur)
  • Géraldine RIX-LIEVRE, Professeure des Universités, ACTé, Université Clermont Auvergne (Co-directrice)
 


Résumé

L’industrie 4.0 se présente comme une approche innovante, tandis que l’industrie 5.0, centrée sur l’humain, met l’accent sur l’intégration de ce dernier. Cependant, la mise en œuvre concrète des projets technologiques met en lumière des lacunes significatives. Ces projets, bien qu'ambitieux, peinent souvent à répondre aux besoins réels des utilisateurs finaux, en partie à cause de la grande hétérogénéité des profils impliqués et de la complexité croissante des processus de conception. Depuis trois décennies, l’ergonomie s'efforce de proposer des méthodologies pour intégrer l’humain dans ces projets, mais les résultats des projets manquent parfois de durabilité et d’efficacité.  

C’est dans ce contexte que s’inscrit cette recherche, dont l’objectif principal est d’analyser comment le « facteur humain » et les « acteurs humains » sont pris en compte dans la conduite des projets technologiques, et quels résultats de ces projets sont constatables sur l’activité des utilisateurs et leurs usages. Les impacts sur les individus, les collectifs et les organisations, tant sur le plan de la santé que de la performance, y occupent une place centrale. L'hypothèse directrice de cette thèse repose sur l'idée que les difficultés d’usage observées sont largement liées à une anticipation insuffisante des usages futurs probables lors de la phase de conception.  

Pour examiner cette problématique, deux approches théoriques ont été mobilisées. La première, centrée sur les « facteurs humains », vise à optimiser l’interaction entre l’Homme et la technologie, en créant des marges de manœuvre favorisant une instrumentalisation efficace des outils. La seconde s’intéresse aux « acteurs humains » et met l’accent sur la coopération entre concepteurs et utilisateurs finaux. Cette collaboration, facilitée par la conduite de projet, pourrait permettre une appropriation collective et durable des technologies.  

La recherche s'est concentrée sur un projet de digitalisation d’un système de Management Quotidien de la Performance (MQP) dans une grande entreprise industrielle, avec des études de cas menées sur deux sites en France et un en Italie. Trois grandes phases ont structuré la démarche : l’analyse des conduites de projet, l’observation des usages des versions papier et numériques du MQP, et enfin une mise en perspective entre les usages observés et les critères de conception retenus.  

Les résultats de cette étude révèlent plusieurs éléments clés. Tout d’abord, si certains besoins opérationnels ont été satisfaits par la digitalisation, d'autres sont restés ignorés, et de nouveaux besoins ont émergé, non pris en compte. Ensuite, la participation des utilisateurs à la conception s’est révélée sporadique, limitant l’efficacité des solutions mises en œuvre. Par ailleurs, le processus de hotline, destiné à traiter les difficultés après l’implantation, s’est concentré sur des problèmes techniques généraux, laissant peu de place à l’adaptation locale. De plus, des mésusages, déjà présents dans les versions papier, ont persisté après la transition numérique, illustrant une interprétation inadéquate de l’utilité de l’outil dans la conduite des systèmes de production. Enfin, les sites pilotes ont montré un rôle crucial dans la réduction locale des mésusages, mais leurs apports restent difficilement transposables à d'autres contextes.  

Ces résultats mettent en lumière les tensions entre les approches centrées sur les « facteurs humains » et celles axées sur les « acteurs humains ». Une articulation réussie entre ces perspectives semble prometteuse pour concevoir des solutions mieux adaptées aux réalités des utilisateurs. Cependant, cette ambition soulève des défis pratiques et méthodologiques nécessitant des conditions rigoureuses pour réussir.  

Ainsi, cette thèse souligne que dans le contexte des technologies 4.0, concevoir des solutions adaptées et durables pour des utilisateurs variés reste un défi majeur. Elle propose que l’ergonomie pourrait jouer un rôle clé en équilibrant ces deux approches pour répondre aux exigences croissantes du travail contemporain.