Conception d’une maîtrise d’usage en conduite de projet au moyen du développement d’un dialogue professionnel sur la qualité du travail

Ce travail de thèse vise à construire une maitrise d’usage composée de professionnels de différents métiers, pour permettre leur contribution à la conception d’un nouveau bâtiment de travail avec la maitrise d’œuvre et la maitrise d’ouvrage. Le projet de recherche associé vise à mieux comprendre les méthodes et les moyens pratiques possibles pour installer durablement cette maitrise d’usage au sein du fonctionnement d’un projet de conception.

Membres du laboratoire

• Yoann LESTRADE (DOC)
• Antoine BONNEMAIN (ECT)
• Fabien COUTAREL (ECT)

Le courant de l’ergonomie de l’activité a construit une proposition originale dans la littérature, que l’on peut résumer ainsi : des conditions favorables essentielles à l’activité future probable des différents utilisateurs d’un système se conçoivent durant les projets. Si certaines peuvent évoluer dans le fonctionnement ultérieur de l’organisation, d’autres sont figées durablement, conduisant à des conditions dégradées d’activité.

Les propositions successives de ce courant de recherche ont donc cherché à formaliser les conditions de conduite de projet les plus favorables, cheminant depuis des exigences de participation établies dans les années 1980-1990, jusqu’à la proposition récente d’installer une maîtrise d’usage (MU) (Folcher, 2015). Cette nouvelle instance, complémentaire à la MO et la MOE, institue la nécessité d’une réflexion poussée sur les usages, là où la participation des futurs utilisateurs était jusque-là souhaitable. Ces derniers deviennent alors des acteurs à part entière du processus de conception. Cette proposition théorique s’inscrit également dans une orientation récente du courant de l’ergonomie de l’activité : l’affirmation de plus en plus assumée et collective d’une ambition développementale (Falzon, 2013 ; Arnoud et al., 2022).

Cette proposition reste aujourd’hui à opérationnaliser, notamment dans le cadre d’un projet de conception, et un certain nombre de questions demeurent quant à sa constitution, son animation, son articulation avec les autres instances.

À ce titre, les apports méthodologiques de la psychologie du travail, et plus particulièrement de la clinique de l’activité, peuvent être utiles. En effet, la qualité du travail (Clot et al., 2021), bien qu’essentielle à la performance et à la santé au travail, reste souvent sous-discutée dans les milieux de travail, et en particulier dans les projets de conception où la projection collective sur l’activité future probable reste une difficulté. Faire de la qualité du travail un objet de dialogue entre les utilisateurs, la MO et la MOE permettrait d’explorer les contraintes, besoins et perspectives des uns et des autres, et ainsi de produire des orientations de conception plus robustes et légitimes.

C’est dans ce contexte que s’inscrit ce projet de recherche, dont l’objectif est d’expérimenter et de développer, au sein d’un projet de conception, une Maîtrise d’usage en s’appuyant sur un dialogue collectif expérimenté autour de la qualité du travail. Cette thèse se veut ainsi une collaboration pluridisciplinaire entre les approches ergonomiques de la conception et l’approche dialogique développée en psychologie du travail et clinique de l’activité.

 

Cadre(s) théorique(s) / Méthode(s) / Méthodologie(s)

Le cadre théorique est celui de l’ergonomie de l’activité, de la conception en ergonomie, couplé avec les apports méthodologiques autour des méthodes dialogiques en clinique de l’activité : autoconfrontation croisée notamment.